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De Sor Diagne à Ndiolofène et de Sor à Goxxumbacc, Saint-Louis est divisée en vingt-deux quartiers. Bango, village situé sur la route de l’université Gaston Berger (UGB), fait partie administrativement de la Commune. Quelques centaines d’habitants résident à Bango, quartier le plus paisible et verdoyant de Saint-Louis. Reportage :

Situé à plus de 9 kilomètres de Saint-Louis, au bout d‘une petite route qui court jusqu‘au bord du marigot du Lampsar, affluent du fleuve Sénégal, voilà le joli village de Dakhar-Bango. Bango, comme on l’appelle familièrement, fait partie de la commune de Saint-Louis depuis 1974. Pêcheurs, éleveurs, maraîchers, militaires, professeurs, résidents étrangers… de nombreux sénégalais et européens y ont posé leurs valises et vivent ainsi près de la nature. Entre le chants des oiseaux, des grillons ou encore des crapauds, Bango respire le calme et la tranquillité, quand les humains… ne les troublent pas.

“ A l’époque, il n’y avait pas plus de dix familles installées au village. Les hommes avaient construit des maisons en argile, en bois et de chaumes très rudimentaires. Les femmes distribuaient les poissons pêchés par leurs maris dans les familles. De nos jours, le quartier a beaucoup évolué. Bien des promeneurs passant par ici ont proposé de l’argent aux propriétaires pour acheter leurs terrains et en faire des résidences. Il y a une sorte de melting-pot, aujourd’hui, à Bango”, raconte Cheikh Aïdara, habitant depuis plus de 50 ans dans ce village.

Bango, un quartier avec peu d’infrastructures

bango-2-096Construite en 2006, une seule route goudronnée traverse le village jusqu’à la digue. A l’orée des premières maisons, le long de la route et juste en face de la caserne militaire, de nombreux ‘boutiquiers’ se sont installés pour faire commerce avec les militaires et gagner ainsi quelques CFA pour faire vivre leurs familles. Les chemins étroits traversant Bango sont sablonneux et les chevilles des habitants musclées ! Allant du “croisement Bango” jusqu’à la digue et le Ranch de Bango, le village est divisé en plusieurs sous-quartiers. Bango serait même, selon Cheikh Aïdara, le plus grand ’quartier’ de la commune de Saint-Louis.

Isolé de la ville, Dakhar-Bango est surtout connu pour ses deux implantations stratégiques : l’aéroport de Saint-Louis, à ses confins, et le camp militaire du 12ème bataillon d’instruction, à l’entrée. Construit dans les années 50, l’aéroport est de nouveau opérationnel depuis septembre 2011, la compagnie Transair assurant la liaison Dakar-Saint-Louis deux fois par semaine, en une demi- heure. Quant au 12ème bataillon d’instruction, il a vu le jour dans les années 30. Vaste terrain militaire, c’est en son sein qu’en 1961 la première école de Bango fut installée, appelée Serigne Babacar Gueye. Elle accueillait à l’époque seulement quatre classes et fut transférée au centre du village en 1968.

Un village verdoyant

Outre sa petite cocoteraie, peut-être la plus septentrionale de l’Afrique subsaharienne, de nombreux vergers accueillent sapotilliers, corossoliers, bananiers, manguiers, papayers… Bango est une véritable oasis sur la berge sud d‘un affluent du fleuve Sénégal, le Lampsar. S’étendant sur environ cinq kilomètres, un vieil aqueduc traverse le village de Bango jusqu’à Khor. A l’époque sous la tutelle de la Sonese, ce canal acheminait l’eau douce du Lampsar aux quartiers saint-louisiens. “ Cet aqueduc a eu un rôle important dans le développement de Bango. Beaucoup de maraîchers s’en servaient pour arroser leurs potagers. Il a nourri le village. Aujourd’hui, il est géré par une association mais il est laissé à l’abandon, c’est vraiment dommage”, relate Cheikh Aïdara. Tout le long du canal, de nombreux déchets jonchent les sols jusqu‘à déborder.

Fleuve et forêt de prosopis, pêche et élevage, les écoles dont le Prytanée Militaire et sa salle de jeux, Bango a, selon un des habitants, “de la matière première mais manque de développement”. Ecole prestigieuse accueillant près de 13 nationalités, le Prytanée Militaire a d‘ailleurs formé des chefs d‘Etat africains.“ Les politiciens nous oublient complètement et pourtant on pourrait faire de Bango un vrai village”, continue-t-il. Intellectuels, artistes, maraîchers ou encore militaires, de nombreux habitants seraient pourtant prêts à mettre leur savoir-faire et leur culture au service du village saint-louisien…

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Se rendre à Bango :

Point de départ :

– garage Bango en face de la gendarmerie à Sor
Taxis collectifs. 250 Francs CFA/personne
– île de Saint-Louis :
Taxis individuels. Entre 1 000 et 1 500 Francs CFA

Photos : Eddy Graëff