Pour la première fois en 1441, des Portugais capturèrent et emmenèrent en Europe des Africains pour les vendre comme esclaves. C’était le commencement de la traite négrière qui allait, pendant quatre siècles, entraîner la déportation d’environ douze millions d’Africains outre Atlantique. Ce fut un des volets du commerce triangulaire : des bateaux quittaient l’Europe, chargés de ce que l’on appelait globalement de la pacotille (tissus, barres de fer, armes et munitions, alcool, verroterie, etc). Sur la côte africaine, celle-ci était échangée contre des esclaves qui étaient revendus sur les marchés des Amériques et des Caraïbes pour travailler dans les plantations de canne à sucre, de coton ou de café et également dans les mines. Ce sont ces derniers produits que les navires négriers rapportaient en Europe au terme de leur fructueux voyage. Assez rapidement, les chefs africains virent l’avantage à tirer de ce trafic et firent des razzias ou des guerres pour prendre chez leurs voisins plus faibles des esclaves à vendre aux négriers.
Durant le XVIème siècle, les Portugais restèrent presque les seuls à pratiquer ce commerce. Au cours du siècle suivant, les Français, les Anglais et les Néerlandais s’y lanceront à leur tour, provoquant un accroissement important du volume de la traite.
La traite atlantique
Le XVIIIème siècle est la période au cours de laquelle la traite atlantique fut la plus intense. Saint-Louis joua le rôle de centre de transit dans l’acheminement des esclaves de l’intérieur en direction des amériques. Les études les plus récentes estiment à environ 10 000 hommes par an le nombre des esclaves transitant par l’île au XVIIIième siècle. Au plus fort de la traite, près de 150 esclaves transitaient dans les captiveries. Une seule existe toujours, celle située au Rez de chaussée de l’entrepôt Maurel et Prom. Elle est constituée de deux rangées de cellules exigües et sombres.
La traite entraîna de profondes transformations politiques et sociales au Walo, au Fouta Toro, au Cayor et au Baol. Dans le Sine, les autorités ne se livrèrent pas en dehors des guerres à un commerce très actif. En basse Casamance, les Diola et les Balant y étaient opposés.
Parallèlement a l’activité de transit des esclaves pour les amériques, Saint-Louis a développé une forme particulière d’esclavage, la servilité domestique. Chaque famille disposait de quelques esclaves affectés aux tâches domestiques et aux activités économiques. Ainsi naquit une société esclavagiste dont la prospérité reposa longtemps sur le travail d’une masse de « captifs de case » qui ont la plupart du temps dominé en nombre les hommes libres. Le décret du 27 avril 1848 mit fin a l’esclavage mais la » captivité de case » demeura jusqu’au milieu du XIXieme siècle.
Au XVIIII, siècle, les principaux ports négriers européens étaient Liverpool (le plus important de tous) et Bristol en Angleterre.
Nantes et le Havre en France, Middelbourg et Amsterdam aux Pays Bas. Dans les archives du port de Nantes, se retrouvent des traces de 877 campagnes négrières qui se déroulèrent entre 1707 et 1793 et au cours desquelles 294.489 esclaves furent embarqués. En moyenne, chaque navire transportait 336 esclaves. Le mouvement abolitionniste s’imposa au XIXème siècle, conditionné, sinon dicté, par la révolution industrielle. La traite atlantique fut en principe interdite en 1807 par l’Angleterre et, dès 1808, des bâtiments de la Royal Navy patrouillent le long des côtes africaines afin d’empêcher la traite clandestine. L’abolition devient un fait dans les colonies anglaises en 1833. Entre-temps, la République du Libéria s’était constituée sur la côte ouest africaine à partir de 1821.
Pour la France, Napoléon signa le décret du 29 mars 1815 abolissant la traite, mais elle continua clandestinement pendant une bonne partie du XIXème siècle. L’esclavage proprement dit fut aboli dans les territoires français en 1848.
La traite transsaharienne
La traite transsaharienne avait commencé beaucoup plus tôt, sans doute dès le VIIIème siècle. Elle alimentait les caravanes qui traversaient le Sahara et qui remontaient vers le nord en emmenant des esclaves originaires du sud du Niger. Du Maghreb, les caravaniers se relayaient avec des dattes, des verroteries, des bijoux, des tissus. Durant le trajet, ils s’arrêtaient dans les gîtes d’étapes connus dans le Sahara pour se procurer de l’eau, du sel et du cuivre. L’ensemble de ces produits étaient échangés au Soudan occidental contre de l’or, des esclaves et de l’ivoire. Les esclaves séjournaient quelque temps au sud du Maroc pour être en bonne condition au moment de leur vente sur les marchés du Maghreb et du Moyen -Orient.
L’importance de cette traite est estimée à treize millions de personnes environ, sur une durée bien plus longue. Les esclaves étaient destinés à des emplois domestiques (serviteurs, concubines, eunuques), militaires dans les plantations (cannes à sucre, dattiers cacaoyers girofliers cotonniers) et au travail dans les mines de cuivre, de sel ou d’or.
Au XIXème siècle la traite arabe sur la côte orientale de l’Afrique a pris le relais de la traite transatlantique, pour atteindre son paroxysme entre 1880 et 1890. Zanzibar en fut la plaque tournante. Cette tragique exploitation donna aux pays européens un prétexte d’intervenir en Afrique centrale et orientale et tenter de mettre fin à ce trafic. Ils n’y réussirent jamais complètement.