Des origines de l’Homme aux premiers Empires
L’homme naît de l’eau… Sur les rives du fleuve Sénégal ont été retrouvés de nombreux ossements humains, avec leur cortège d’outils en pierre taillée. Il y a 50 000 ans, des hommes vivaient déjà au Sénégal, comme le prouvent également des fouilles effectuées sur la presqu’île du Cap-Vert (Dakar). Des cercles de mégalithes en latérite, dressés vers le ciel, ont été découverts aux environs de Nioro-du-Rip, à une trentaine de kilomètres de Kaolack, la capitale du Sine-Saloum. On sait aujourd’hui qu’ils témoignent d’une civilisation adoratrice du soleil. Quant aux bijoux, outils et poteries de différentes périodes cueillis dans les monuments funéraires pyramidaux (tumuli), ils prouvent l’ancienneté, mais aussi la continuité de la présence humaine au Sénégal, du paléolithique jusqu’à la fin de la préhistoire.
L’histoire africaine ignore l’écriture. Troisième, IVème siècle ? Personne ne sait exactement quand naît l’empire du Ghana, de religion animiste, qui s’étend du Niger au Sénégal. Dès le VIIIème siècle, les voyageurs arabes ont été éblouis par la somptuosité de sa cour, par ses rois couverts d’or et de bijoux, par son armée riche de dizaines de milliers d’archers. L’empire entretient de nombreuses relations commerciales avec l’Afrique du Nord, ses caravanes traversent régulièrement le Sahara, chargées de sel, de cuivre, d’ivoire, d’étoffes chatoyantes.
C’est de ce Sahara que viendront les Almoravides, moines guerriers berbères qui, au XIIème siècle, lanceront le djihad : la guerre sainte. Ils parviennent au fleuve Sénégal, et, en 1076, l’empire du Ghana est balayé. Le chef peul Wara-Oyobé se convertit à l’islam, ainsi que les Toucouleurs, dont les petits royaumes jalonnent la rivière. Le reste de la population, profondément secouée par ces conversions, demeure fidèle à l’animisme et s’éloigne vers le Nord-Ouest et le Sud du pays ainsi les Sérères glissent-ils vers le Sine-Saloum et les Wolofs vers la rivière Bounoum.
A partir du XIIème siècle apparaît un nouvel empire : celui du Mali, ou empire Malinké ; il s’étend du Nord-est de la Guinée au Sud-Ouest du Mali actuels. Au début du XIIIème siècle, de durs combats opposent Soundiata Keita, un de ses grands empereurs, à Sournangourou Kanté, souverain ghanéen du Sosso. Ce dernier est défait et tué. Dès lors, Soundiata et ses successeurs ne cessent d’étendre leur domination, de l’Atlantique au Sahara et de la Guinée à la vallée du Niger. A l’image de l’empire du Ghana, l’empire malinké ruisselle de fastes, de richesses, de puissance. Connu jusqu’à l’Europe, il cultive arts et sciences, grâce à la présence de poètes, d’artistes, de savants arabes à sa cour. En 1337 meurt Kankan Moussa, empereur unanimement respecté dont la disparition sonne le glas d’un glorieux royaume. Harcelés par les ethnies qu’ils assujettissaient, les malinkés se replient alors vers la Haute et la Moyenne Casamance.
Au XIVème siècle, sous l’impulsion d’Abou Beker Ben Omar, descendant des Almoravides, naît l’empire du Djolof ; il est à l’origine de l’unité culturelle des Wolofs, qui constituent, aujourd’hui, le plus important groupe ethnique du Sénégal. Le Djolof commence par absorber les petites royautés qui se disputaient les dépouilles de l’empire du Mali. Il construit ensuite une société hiérarchisée, rigide, rappelant un peu l’Inde et ses castes. Très vite, les ambitions personnelles lézardent les bases de ce nouvel empire. Le Djolof éclate à la fin du XVIème siècle. Les luttes fratricides s’y poursuivront pendant trois cents ans.